Les hommes de la baie

France | Bretagne nord - Le Vivier-sur-Mer - Baie du Mont-saint-Michel | Mars-avril 2008
     A l’inverse de l’ostréiculture, la naissance de la mytiliculture est ancienne, remontant au XIII e siècle. A l’origine, cette culture spécifique des moules est développée sur la côte Atlantique, pourtant c’est plus au nord qu’elle atteint ses lettres de noblesse, à ce jour la Bretagne nord est devenue la deuxième région productrice de moules de Bouchot.

Le Vivier-sur-mer, petite ville située au milieu de la baie du Mont-Saint-Michel, met en place, en 1954, les premiers parcs à moules sur bouchots. Les conditions très favorables du milieu permettent un développement rapide de l’activité, aujourd’hui célèbre, l’intercommunal Le Vivier/Cherrueix est devenu le premier port mytilicole de France, et pilier de l’économie locale, employant plus de trois cent personnes.

Semblablement aux autres métiers de la mer, la pratique de la mytiliculture est victime de sa dépendance envers la nature, dans la baie du Mont-Saint-Michel, les fameuses « plus grandes marées d’Europe » font l’emploi du temps des travailleurs et les conditions météorologiques font la nature de leur travail. Evoluant dans un espace unique et privilégié, les moules cultivées autour du Mont-Saint-Michel sont réputées pour leur qualité, seul produit de la mer bénéficiant d’un label d’origine protégée, depuis 2011. Pourtant depuis plusieurs années les consommateurs ainsi que certains producteurs s’indignent de la mauvaise qualité obtenue, liée directement à l’intensification de la production, impactant par la même occasion l’image de la baie et son attrait touristique.

L’essor du métier et de son économie appartiennent à son histoire, pour une majorité les mytiliculteurs perpétuent leur apprentissage de générations en générations, mettant un point d’honneur au respect de la nature et au processus d’évolution des moules. Aujourd’hui l’évolution des techniques et la pression économique croissante ont engendré une industrialisation de la production, au point de saturer la baie. Le problème est tel que de nouveaux projets de délocalisation des parcs de culture sont envisagés, mettant alors au grand jour la triste réalité d’une renommée devenue imperceptible des moules du Mont-Saint-Michel.